top of page

L'affichage des 95 thèses contre les indulgences

En 1515, le pape Léon X renouvelle l’indulgence plénière que son prédécesseur Jules II avait promulguée pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. En 1516, le dominicain Tetzel est chargé d’une campagne de vente d’indulgences en Allemagne : rémissions des péchés et des peines temporelles sans repentir ni confession pour les vivants, limitation du séjour au purgatoire pour les morts, contre le versement d’une somme d’argent. Cette démarche est contestée, notamment par le prince électeur de Saxe, Frédéric le Sage, qui n’autorise pas la vente des indulgences sur son territoire. Luther va plus loin dans la réprobation avec les 95 thèses qu’il placarde lui-même le 30 septembre 1517 sur la porte de l’église du château de Wittenberg. Outre une violente critique des indulgences, contre lesquelles d’autres s’étaient déjà élevés, Luther refuse la théologie des œuvres : le pécheur n’est pas pardonné en raison de ses œuvres. Tourmenté par la justice de Dieu qui punit le pécheur, Luther réalise que l’homme est justifié (rendu juste) par la foi qui est un don de Dieu. C’est la révélation que décrit Luther dans l’expérience de la Tour, dont ni la date (entre 1512 et 1519) ni le lieu ne sont connus.

Le moine augustin et l'universitaire

​

Martin Luther est né le 10 novembre 1483 à Eisleben, petite ville située à l’ouest de Halle (Saxe-Anhalt), dans une famille de paysans. Son père, très attaché à la promotion sociale de sa famille, était mineur dans une mine de cuivre. Luther effectue ses études à Eisenach puis à l’université d’Erfurt où il commence ses études de droit. En 1505 il est pris dans un violent orage : terrorisé par la foudre qui s’abat à côté de lui, il fait le vœu de se faire moine, s’il en échappe. Quelques jours après, il entre au couvent des moines augustins à Erfurt contre la volonté de son père et à son insu . Il prononce ses vœux en 1506 et il est ordonné prêtre en 1507. Après un séjour à Wittenberg où il devient bachelier en théologie, il entre au couvent d’Erfurt en 1509.

En 1510, il est envoyé à Rome avec un frère à propos d’une querelle interne aux couvents augustins. Il est peut-être choqué par le manque de recueillement des prêtres et par le luxe de la vie des cardinaux. En tout cas, il commence à avoir des doutes sur l’efficacité des prières en faveur des âmes du purgatoire.

En 1512, il est sous-prieur à Wittenberg et prépare un doctorat en théologie qu’il obtient l’année suivante : il donne alors des cours de théologie à l’université sur les psaumes et les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Hébreux.

En 1513, il devient professeur et en 1515, il est nommé vicaire des Augustins en Allemagne. Cette même année, dans son Cours sur l’épître aux Romains, Luther exprime sa thèse selon laquelle l’homme est à la fois juste et pécheur.

Luther quitte les Augustins en 1525, peu de temps avant son mariage.

La rupture avec Rome

​

Les thèses de Luther sont attaquées par Jean Eck, vice-chancelier de l’université d’Ingolstadt. Le pape Léon X charge le général des Augustins de ramener Luther à la raison. Luther est sommé de comparaître à Rome mais Frédéric le Sage demande et obtient qu’il soit jugé en Allemagne. Le pape mandate le dominicain Cajetan pour entendre Luther à Augsbourg devant la diète. Après la séance, tenue en octobre 1518, Luther rédige un appel Du pape mal informé au pape mieux informé et quitte la ville en secret mais le pape répond par la bulle Cum postquam qui réfute les idées de Luther et demande à Frédéric le Sage de livrer Luther. Le prince électeur interdit à Luther de quitter l’Allemagne. La mort de l’empereur Maximilien en janvier 1519 donne plus d’autorité à sa décision, en effet la charge impériale étant élective, le petit-fils de Maximilien, Charles Ier d’Espagne, le futur empereur Charles Quint, avait besoin du soutien de l’électeur de Saxe pour l’emporter sur l’autre candidat, François Ier.

Mais la polémique reprend. Au cours d’une confrontation à Leipzig avec Jean Eck, Luther affirme que la Bible est la seule autorité. En réponse à son traité Sur la papauté de Rome, la bulle Exsurge Domine du 15 juin 1520 somme Luther de se rétracter. Celui-ci jette la bulle au feu.

La diète de Worms

Alors que les idées de Luther commençaient à se répandre en Allemagne et hors d’Allemagne, la bulle Decet romanum pontificem du 3 janvier 1521 excommunie Luther et ses partisans. Malgré les demandes pressantes du nonce, Charles Quint refuse de livrer Luther à Rome mais le convoque en sa présence à la diète de Worms, muni d’un sauf-conduit. En avril 1521, devant la diète, Luther refuse de désavouer ses écrits : « Je ne puis ni ne veux rien rétracter car il n’est ni sûr ni salutaire d’agir contre sa conscience ». Charles Quint est furieux mais laisse Luther repartir. Pourtant, un mois plus tard, il le met au ban de l’empire. Frédéric le Sage, qui avait des sympathies pour Luther, le fait alors enlever pour le mettre à l’abri dans son château de la Wartburg, près d’Eisenach, où Luther passe près d’un an, de mai 1521 à mars 1522. C’est pour Luther une période d’intense activité avec de nombreux écrits sur la vie religieuse et la vie conjugale et surtout la traduction du Nouveau Testament en allemand.

Vers l'Église évangélique

​

Luther s’inquiète des profondes transformations de la messe voulues par Carlstadt. Celui-ci était un réformateur radical qui avait lui aussi, un peu avant Luther, affiché des thèses et pris la tête du mouvement de Réforme pendant que Luther était retenu au château de la Wartburg. Malgré les consignes de prudence de Frédéric le Sage, Luther retourne à Wittenberg et se met à prêcher avec son habit de moine.

Ne voulant pas heurter les consciences, il introduit graduellement des changements dans la messe. Dans un premier temps il maintient le latin pendant l’office et garde les vêtements liturgiques puis il introduit l’allemand, notamment pour la prédication. Mais Luther tient à retirer à l’eucharistie son caractère de sacrifice. Les fidèles participent par le chant.

En 1523, dans De l’autorité temporelle et des limites de l’obéissance qu’on lui doit, Luther développe la théorie des deux règnes selon laquelle le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel sont complémentaires sans s’exclure : l’un s’adresse aux hommes pieux tandis que l’autre a pour rôle de mater les méchants. Cette distinction, qui écarte la théocratie, convient aux princes allemands attirés par la Réforme.

Le message de Luther trouve aussi un écho favorable dans les villes libres.

L'appel à la noblesse et la révolte des nobles allemands

L’appel de Luther A la noblesse de la nation allemande paru en 1520 et qui traitait des pouvoirs temporels et de l’Église avait suscité des espoirs chez certains nobles qui voulaient s’émanciper de l’empereur, des princes ou des villes libres. Ils pensent trouver un allié en Luther. En 1522 éclate une révolte de nobles allemands qui envahissent les terres de l’évêque de Trèves. Luther, ne voulant pas imposer la Réforme par la force, ne soutient pas la révolte.

La révolte des paysans

En 1524, des paysans se révoltent en Allemagne du Sud, revendiquant la réduction des impôts et du servage et la souveraineté des Écritures. Ils sont poussés à l’insurrection par Thomas Müntzer, un ancien moine partisan d’une réforme radicale. Face à cette guerre des paysans, Luther appelle à la paix dans son Exhortation à la paix à propos des douze articles de la paysannerie souabe, il dénonce les faux prophètes qui trompent le peuple et condamne la révolte qui ensanglante le centre et le sud de l’Allemagne. Il la traite d’œuvre du diable, alors même qu’il avait été accusé de l’avoir allumée par ses idées. Les paysans révoltés sont battus, la répression est terrible, Müntzer est décapité.

La première diète de Spire

En 1525, François 1er avait été vaincu et fait prisonnier à Pavie. Libéré en 1526, il constitue avec l’Angleterre, Florence, Venise, Milan et le pape Clément VII la Ligue de Cognac contre l’Espagne, ce qui affaiblit Charles Quint. Celui-ci doit alors faire des concessions dans l’empire : son frère Ferdinand, qui le représente à la diète de Spire en 1526, accepte la suspension provisoire de la mise au ban de l’empire pour Luther, tandis que les princes obtiennent la liberté religieuse dans leurs états.

Ainsi la nouvelle Église réformée pouvait s’organiser.

En cette année 2017, la paroisse réformée de Charleroi, organise au Temple de Charleroi, ainsi qu’au Foyer Protestant de la Grand’rue,  toute une série d’évènements et manifestations, commémorations, cultes, concerts, expositions pour célébrer le 500 e anniversaire de la Réforme de Martin Luther. Le 31 octobre 1517, Martin Luther a placardé ses 95 thèses sur les portes de la chapelle du château de Wittemberg. Cet évènement, aussi appelé Réformation peut être considéré comme l’acte de naissance du protestantisme.

L’agenda des activités à Charleroi, en Belgique et dans le monde peut être consulté sur les sites internet de la paroisse consacré à l’année Luther : www.anneeluther.be , www.anne-luther.be et www.luther2017.be

bottom of page